vote second ok
En avril 2015, un électeur togolais lors de la présidentielle

Quelques heures après l’élection du dernier représentant de la C14 pour la CENI, la machine électorale semble prendre de l’allure. Le bémol, tout ne roule pas pour autant sur les rails. L’opposition de la C14 et le gouvernement sont loin de convenir d’un agenda commun. Pour la résolution de la crise politique, plusieurs équations restent à résoudre. Dans la foulée, le conseil des ministres a convoqué ce jeudi le corps électoral pour les législatives du 20 décembre 2018. Surprise ? Pas vraiment !

Il suffisait de suivre le président de la Cour constitutionnelle mercredi. Adoubou Assouma, en ouvrant les travaux de l’atelier de révision des textes électoraux par la Cour a insisté par trois fois sur la date du 20 décembre 2018. 24h après, l’on comprend que la machine est en marche et semble parfaitement huilée du côté du gouvernement. En une demi-journée, le blocage autour de l’entrée de la C14 à la CENI est levé ; puis le gouvernement convoque le corps électoral pour le 20 décembre en conseil des ministres ce même jour. Le gouvernement applique ainsi l’article 80 du code électoral en convoquant le corps électoral.

De son côté, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) rempile et ouvre les candidatures. Les dépôts de candidatures se déroulent du 9 au 14 novembre 2018, précise un communiqué de la CENI. De quoi inquiéter sérieusement l’opposition de la C14 qui jusqu’ici, du moins à ce que l’on sache, a boycotté le recensement électoral.

Vers des élections sans la C14 ?

C’est le moins qu’on puisse se demander. Selon les dispositions du code électoral, ne peut être éligible qu’un togolais ayant 25 ans révolus à la date des élections, inscrit sur une liste électorale et ne souffrant d’aucune incapacité ou inéligibilité prévues par la loi. A ce jour, il va sans dire que l’opposition réunit au sein de la C14 est hors course. Elle qui vient à peine de voir sa liste complète validée pour la CENI, espérant reprendre tout le processus.

Si le recensement électoral est réellement terminé comme l’a encore rappelé le conseil des ministres (synonyme que le corps électoral est connu) ; sans séance de rattrapage, l’équation deviendra compliquée pour l’opposition de la C14. Quitte à trouver des arrangements politiques. Car, même si les trois jours par zones dont on fait échos venaient à être observé, comment permettre aux leaders de la C14, à leurs candidats potentiels de s’inscrire avant le 14 novembre, date de clôture des candidatures ; et au-delà, à leurs militants qui auraient suivi le mot d’ordre de boycott de revenir dans la course ? Ce qui se profile à l’horizon, si l’on ne sait s’y prendre, pourrait devenir source d’autres complications et donc de nouvelle crise.

Ce qui est évident, c’est aussi que le gouvernement accorde la priorité à l’application des lois et textes en vigueur. Il a manifesté sa préoccupatiion, depuis la proposition de la date du 20 décembre par la CEDEAO, à tenir dans ce délai. Parallèlement, la C14  semble tenir un agenda différent. Et pour cause, après l’exigence d’une CENI paritaire, la coalition n’aura pas fini sa liste.

La C14 prête pour les élections du 20 décembre ?

Pas aussi sûr ! Pendant que le gouvernement déploie la machine électorale, ce jeudi, la coalition, dans un communiqué rendu public, revenait sur plusieurs points de revendications. L’un des points qui saute à l’œil dans ces revendications, c’est l’appel à « l’arrêt du processus en cours entamé sans la participation de l’opposition… », pour « l’élaboration d’un chronogramme consensuel » ; alors même que le corps électoral est convoqué. La C14 revient aussi sur une composition « équilibrée des démembrements de la CENI ; l’abandon de la présidence des CELI par des magistrats ». La question de découpage électoral, le recensement biométrique, le mode de scrutin, le vote de la diaspora…la liste est bien fournie. A ces exigences de la C14, s’ajoutent la pression d’une société civile proche. Pour le Front Citoyen Togo Debout, il n’y aura pas d’élections sans les réformes.

Autant d’exigences qui font dire que la C14 n’a pas la tête aux législatives pour le 20 décembre prochain.

Il existe encore une série d’inconnues pour la résolution de la crise politique togolaise. La nomination au complet des huit membres de la C14 à la CENI est loin d’être l’épilogue de cette crise politique. Un constat fait au terme de cette journée dense de jeudi. Pour sortir du tunnel, il faut répondre à la série de « si » en suspens. Et le cours des événements nous le confirme, les principaux protagonistes de la crise sont encore dans des dispositions diamétralement opposé. Une réelle cacophonie électorale.

Carlos Tobias