Le Togo depuis 2008 améliore sa croissance économique. De 2,4% en 2008, cette croissance est passée à 5,6% en 2012. Mais les fruits de l’amélioration de cette croissance tarde à se ressentir sur le quotidien des togolais. Au Togo, la pauvreté reste encore endémique, à tel point que tous les acteurs s’accordent à dire qu’il faut revoir les stratégies de lutte contre la pauvreté dans le pays.

Faure Gnassingbé
Faure Gnassingbé, Président de la république Togolaise

De 2,4% en 2006, la croissance économique du Togo est passée à 5,6% en 2012. Cette amélioration de l’indice de la croissance est loin de refléter le vécu quotidien des populations togolaises. La pauvreté ou pire, l’extrême pauvreté sévit dans le pays avec un taux de 58,7 en 2011 (même s’il était de 61,7%). Et selon le programme des nations-Unies pour le développement (PNUD), la croissance togolaise « n’est pas pro-pauvre car elle a plus bénéficié aux riches qu’aux plus pauvres. »

Le président Togolais, Faure Gnassingbé, jeudi 30 juin 2016 -lors du lancement du programme d’urgence de développement communautaire, PUDC -n’hésitera pas a déclaré: «l’extrême pauvreté est devenue insupportable à nos populations.» La couche la plus touchée, les populations rurales dont les agriculteurs (47,9% de la population togolaise vit dans un ménage ou le chef a pour principale activité l’agriculture; or 64% de pauvres s’y trouvent) note le PNUD dans les indices de la pauvreté. Parallèlement à cette réalité, l’écart ne cesse de s’accroître entre riches et pauvres. Entre 2006 et 2011, l’extrême pauvreté a augmenté de deux points de pourcentage.

Face à ce drame socioéconomique, les politiques de développement et de lutte contre cette extrême pauvreté restent moins efficaces. En cinq ans, trois stratégies de lutte contre la pauvreté ont été élaborées. «Le Togo a élaboré 3 stratégies de réduction de la pauvreté dont la dernière est la Stratégie de Croissance Accéléré et de Promotion de l’Emploi (SCAPE 2013-2017). Malgré la mise en œuvre des 2 précédentes stratégies, la reprise de la coopération et l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE (Pays pauvre très endettés), les conditions de vie des togolais s’améliorent difficilement», a souligné le PNUD. Le gouvernement togolais lui-même finit par douter des approches jusque là mises en œuvre.  Conséquence, des partenaires en développement dont le PNUD ont été invités à aider le pays à trouver d’autres stratégies pour faire face aux besoins urgents. Au nombres des mesures proposées, le Programme urgent de développement communautaire qui a été pensé pour l’urgence. Le gouvernement togolais, le président Faure Gnassingbé a juré de trouver par tous les moyens les fonds nécessaires à la réalisation du PUDC pour parer au plus pressant!

Pour les autorités togolaises, la lutte contre l’extrême pauvreté est, non seulement un besoin social, mais constitue une nécessité pour la sécurité. Ce sont dans les terreaux de l’extrême pauvreté que se développement toutes les menaces modernes à la sécurité, comme le terrorisme. Cette analyse faite par le président Gnassingbé le 30 juin peut être un indice de la prise de conscience du danger que représente des populations extrêmement pauvres. L’urgent, c’est certainement d’ éviter que la minorité ne continue de s’enrichir au dépend de la majorité, en laissant l’écart se creuser davantage.

Pourquoi la croissance ne profite pas à tous les togolais ? repenser les stratégies de lutte contre l’extrême pauvreté, mais comment y arriver et avec quels acteurs ? Autant de questions qui se posent désormais avec acuité. Autres inquiétudes, la mauvaise exécution des projets de développement… Bref, le diagnostic est posé, reste à trouver les bons remèdes au mal!

Ben SOULEYMAN