Au Togo, le numérique gagne du terrain. La connectivité pourrait s’améliorer dans les années à venir. Ce qui permettrait aux internautes togolais de bénéficier pleinement de la révolution numérique en marche partout dans le monde. De plus en plus de spécialistes -comme Alban Jarry, notre invité TECH de la semaine (lire la biographie en fin d’article) – suggèrent d’utiliser les outils dans un élan participatif. Dans le monde numérique, et avec les réseaux sociaux par exemple, ‘’tout devient possible’’.

Notre invité, Alban Jarry partage avec nous, dans cet entretien, ses expériences et lance des réflexions sur les opportunités du numérique pour le Togo.

Full-news.info:     M. Alban Jarry, Bonjour! Dans la sphère du web et des innovations TECH en France et ailleurs dans le monde, vous n’êtes plus à présenter. Mais pour les internautes Togolais, qui est Alban Jarry ?

Alban Jarry, spécialiste du numérique, des stratégies de marques, de la communication, de l’influence et des réseaux sociaux
Alban Jarry, spécialiste du numérique, des stratégies de marques, de la communication, de l’influence et des réseaux sociaux

Alban Jarry : un internaute qui a découvert l’intérêt professionnel des réseaux sociaux fin 2012 car il savait qu’il allait devoir chercher un emploi dans le cadre d’un plan social. Au départ, l’intérêt d’utiliser ces outils fut de transférer pour les actualiser les cartes de visites de mes contacts dans l’univers numérique de LinkedIn. Puis, j’ai entamé une exploration de leurs possibilités pour mieux comprendre comment ils pouvaient accompagner mon quotidien de professionnel. En quatre ans et demi, à part pour déposer le nom de domaine de mon blog, je n’ai utilisé que des services gratuits.

Les réseaux sociaux sont à la fois des mines d’or gratuites d’actualités qui permettent de s’informer en permanence et de formidable outils pour se connecter entre humains et y partager. Pour accompagner et expliquer cette découverte, j’ai créé un blog albanjarry.com et publié pour différents médias comme Forbes, La Harvard Business Review, Les Echos  ou La Revue Politique et Parlementaire .

Je suis également l’auteur de 4 livres blancs :  « Twitter conté par 50 personnalités», « 735 utilisateurs aimantés par LinkedIn », « 112 regards sur Twitter » et « 612 rencontres sur les réseaux sociaux » . Ces livres sont consultables librement sur le blog.

Vous êtes parmi les 100 comptes les plus influents sur Twitter à Paris (toutes catégories confondues). Comment est-il possible de le devenir ?

Il n’y a aucune recette miraculeuse. Ce classement montre simplement que tout le monde peut y arriver car rien ne me distingue particulièrement des autres twittos. Au départ, je ne suis ni un communicant, ni un marketeur. Je n’ai pas non plus suivi de formation particulière sur ces domaines et j’ai rédigé mes premiers articles en février 2013.

Dans l’univers numérique, à partir du moment où un contenu atteint un public de lecteurs, qu’il y a des partages, alors tout devient possible.

Ce classement des 100 comptes est incroyable car les autres comptes classés sont des médias, des personnalités du sport, de la télévision, de la politique, … Il montre que sur Twitter, l’engagement est primordial et beaucoup plus important que par exemple le nombre de followers. Cette présence est probablement liée aux publications, que je fais régulièrement, mais surtout il est grâce à toutes ces personnes croisées chaque jour sur Twitter avec qui une interaction s’est créée. Twitter est l’univers de l’anti solitude et du collaboratif.

Par Twitter vous aidez les demandeurs d’emploi à porter leurs recherches, à se faire repérer par les recruteurs ou à simplement proposer leurs offres sur les réseaux sociaux comme Twitter avec l’initiative #i4emploi dont vous êtes cofondateur. Expliquez-nous le concept #i4emploi ?

Nous avons fondé, à une quinzaine, le collectif #i4emploi (influenceurs pour l’emploi) en septembre 2015 au départ pour aider le sauvetage d’emplois d’une usine au bord de la faillite. L’usine ayant été sauvée, le collectif s’est transformé pour aider des personnes en recherche d’emploi en rendant leurs compétences plus visibles et en relayant leurs recherches sur Twitter. Le principe est identique à celui d’une bouteille jetée à la mer, l’espoir est qu’elle atteigne un recruteur. Avec #i4emploi, la recherche est démultipliée et augmente les chances de trouver le bon destinataire. Aujourd’hui, plus de 2000 comptes Twitter participent à ce collectif et chaque jour ce sont plus de 480 000 internautes qui voient les messages.

Au-delà de cette visibilité et du partage de réseau que nous proposons, nous aidons aussi les internautes à optimiser leurs messages et essayons de les sortir de la solitude dans laquelle plonge une recherche d’emploi. Cette initiative a montré que Twitter pouvait être efficace dans une recherche d’emploi.

Depuis son lancement, avez-vous des témoignages, des retours sur l’initiative ? Est-ce que c’est une stratégie qui marche ?

 

Régulièrement, nous avons des retours très favorables sur l’impact de l’initiative. Plusieurs documents retracent ces témoignages et expliquent comment utiliser le collectif .

Plus de 500 personnes ont déjà fait appel à #i4emploi et plus de 100 ont retrouvé un travail.

Au Togo, demandeurs d’emplois et pourvoyeurs n’ont pas forcément la culture du web. Dans un pays où le taux de chômage et de sous-emploi avoisine les 23% de la population active. Comment révolutionner, à votre avis, le marché de l’emploi avec des innovations TECH et numérique du genre ? Le numérique peut-il réellement aider à répondre au chômage ?

En Afrique du Sud, l’application Giraffe s’est développée pour rapprocher les personnes en recherche d’emploi des offres. Elle a montré son efficacité. Je suis persuadé que le numérique peut aider dans toutes les régions du monde. Dans un article pour Les Echos, j’ai décrit différentes solutions pour montrer qu’il fallait explorer de nouvelles voies pour que le chômage diminue (« Le numérique bête noire du chômage » .

Pour les personnes en recherche, le numérique est source d’opportunités et permet de se bâtir une vitrine numérique fantastique.

Cependant, au-delà des outils numériques, une recherche d’emploi est avant tout basée sur la résilience (la capacité de rebondir et de faire face aux aléas de la vie) et sur la capacité à valoriser ses compétences. Dans chaque métier, il y a des moyens de se distinguer positivement. Une recherche d’emploi est l’art de trouver ces moyens pour aller plus vite que les autres. Il faut savoir s’adapter à son environnement et y trouver la meilleure solution.

D’aucuns vous diront qu’au Togo, le frein des innovations TECH reste la difficulté du plus grand nombre à accéder à une bonne connexion Internet, ou encore les coûts jugés trop élevés !  Ont-ils raisons selon vous ? Que faire pour baliser la voie à la révolution numérique dans un pays en voie de développement comme le Togo ?

Beaucoup de technologies ont été développées en Afrique pour faire face aux contraintes liées au manque de développement de l’internet et à son manque de rapidité. Par exemple, la révolution que nous vivons actuellement en Europe dans le cadre des moyens de paiements bancaires est aussi possible que parce qu’elle a montré son efficacité en Afrique et son adoption rapide. Le monde du numérique montre qu’avec de faibles moyens, il est envisageable de trouver des solutions et de repousser les frontières traditionnelles.

Il n’est pas nécessaire d’avoir des connexions très fortes pour faire du business. L’innovation est partout aujourd’hui et tout le monde peut y participer. Le numérique est un moyen extraordinaire de trouver de nouvelles formes de travail et de parvenir à améliorer ses revenus.

Comme tous les pays du monde, le Togo participe à la transformation numérique actuelle. Avec le développement d’internet, ce sont de multiples opportunités qui s’ouvriront pour tous ses habitants.

Biographie de l’Invité :

Alban Jarry est un spécialiste du numérique, des stratégies de marques, de la communication, de l’influence et des réseaux sociaux. Régulièrement, il intervient en conférences et écrit des tribunes. Il intervient régulièrement à HEC Paris, est Président Délégué et membre du comité scientifique sur le numérique et le Big Data de l’Ecole Polytechnique d’Assurances, et Vice Président de XBRL France. Il a co-fondé le collectif #i4emploi.

https://albanjarry.com/about/