L’association Internationale des Médecins pour la Promotion de l’Education et la Santé en Afrique (AIMES-AFRIQUE) vient de finir une semaine de campagne foraine de soins médicaux dans la préfecture de la Binah. Plus de trois mille malades ont été pris en charge, avec plus de 300 opérations chirurgicales.

Comme à chacune des campagnes organisées par AIMES-Afrique,  la prévision de 2.500 consultations et 250 opérations a été largement déplacée. Selon les chiffres arrêtés le 12 avril, 2919 malades ont été consultés et soignés et 333 cas opérés, lors des six jours de campagne.

Ce succès était prévisible, et l’équipe médicale expérimenté dans ces campagnes foraines savait que la sollicitation des populations serait en dessus des prévisions. A la fin de cette mission, la situation est ainsi récapitulée :

 Trois grandes activités ont été réalisées dans la préfecture de la Binah:

1- Consultations médico-chirurgicales  dans la Binah (2919  patients consultés et soignés avec 333 intervention chirurgicales réalisées avec succès soit un surplus de 66%  (objectifs initiaux : 2000 consultations et 200 =interventions chirurgicales).

Toute fois Près de 200 patients n’ont pas pu être opérés faute de ressources.

2- Prise en charge des détenus à la prison civile de Kara (250 détenus sur 331 consultés et 9 opérations)

3- Formation des agents de santé de la préfecture de la Binah sur la prise en charge des plaies opératoires, la médecine humanitaire et la compassion…

Lire l’interview du Docteur Michel Kodom, président d’AIMES-Afrique, samedi, avant la fin de la campagne

Du 6 au 13 AVRIL, l’Association Internationale des Médecins pour la promotion de l’Education et de la Santé en Afrique AIMES-AFRIQUE / TOGO a mené des actions humanitaires dans la préfecture de la Binah située à 445 km environs de la capitale à travers l’initiative dénommée « Amener l’hôpital vers les populations ». De quoi il s’agit ?

Docteur Michel Kodom : Nous sommes dans la préfecture de la Binah et de ses environs pour une mission médico – chirurgicale à l’endroit des populations rurales et vulnérables. Nous avons retenu 6 cantons sur les 9 que compte toute la préfecture de la Binah. Nous avons posé nos valises dans ses unités de soins périphériques ou nous avons réorganisé ses structures pour accueillir les spécialités telles que la médecine générale, la stomatologie, la chirurgie, la gynécologie, ORL , l’ophtalmologie . C’est carrément un hôpital qu’on déplace pour que ces paysans dans leurs contrées, hameaux, puissent avoir la chance de rencontrer des médecins spécialistes venus de Lomé, de Tabligbo, de Kpalimé, d’un peu partout au Togo qui sont membres d’Aimes-Afrique. Nous allons également faire un clin d’œil à la prison de Kara pour donner la chance à nos frères et sœurs qui sont en difficulté avec la loi d’avoir des soins spécialisés. Voilà un peu l’objet de notre présence dans la préfecture de la Binah

Après 5 jours de campagne dans la préfecture, quel est le bilan ?

Nous sommes satisfaits de cette mission. A mis à parcours, on peut faire un état des lieux. Je tiens à féliciter toute l’équipe, tous les médecins qui ont accepté encore une fois venir donner des soins de qualité à la population de la Binah. Par rapport aux objectifs, on partait au départ pour consulter entre 2000 ou 2500 patients au maximum, mais nous avons donné la chance à 2600 patients sans compter donc la visite de la prison civile de kara. 2600 patients ont bénéficié des soins et des médicaments gratuits offerts par les médecins d’Aimes-Afrique.

Egalement au niveau des pathologies à opérer, bien entendu que nous allons opérer des pathologies en ophtalmologie, gynécologie, chirurgie générale, en stomatologie. L’objectif au départ consistait à prendre en charge 200 patients à opérer, mais nous étions surpris du nombre. Mais nous avons fait l’effort afin de permettre à 310 patients de bénéficier de cette intervention. Les 310 patients seront opérés en 4 jours. Pour revenir sur un chiffre qui est assez illustrateur, il y avait 870 patients qui présentaient des infections chirurgicales. En retenant que les 310 patients qui ont fait le bilan, nous n’avions pris que les cas graves à opérer. La demande est tellement forte alors compte tenu de nos ressources on ne pouvait pas opérer tous ceux qui se sont présentés dans les différentes spécialités ou nous recensons des cas chirurgicaux.

Aimes-Afrique s’intéresse également au volet éducatif alors quel est le message adressé à cette population lors de la mission chirurgicale ?

Le message que nous délivrons s’articule sur 3 aspects. D’abord, rappeler aux populations que les structures sanitaires de la Binah peuvent les accueillir. Les dispensaires, les unités de soins périphériques dans lesquels nous avons consulté, on était agréablement surpris qu’il y avait des locaux bien équipés, assez fonctionnels donc les patients doivent faire confiance à ses structures. Le personnel local avec lequel nous avons travaillé est compétent pour pouvoir donner des soins qui puissent prévenir certaines complications que nous avons eu donc à prendre en charge.

Le 2è message porte sur la prévention de certaines pathologies rencontrées. Certes, nous avons vu assez de patients qui ont des maladies, des pathologies chirurgicales qu’on pouvait prévenir. Nous avons beaucoup sensibilisé cette population sur la prévention de ces pathologies chirurgicales. Je veux parler entre autre de la cataracte, des maladies oculaires. Des patients sont devenus malvoyants à cause des rivières. Les enfants se baignent par exemple dans de l’eau souillée et avec l’onchocercose dans certains milieux, il faut pouvoir dire à ces populations de ne pas se baigner dans ses rivières, de bouillir l’eau avant de la consommer.

Vous voyez que ce sont des mesures importantes qu’on peut effectivement appliquer si on prend conscience de réelles menaces pour la santé. Les chefs cantonaux, de villages ont étés appelés à s’approprier de messages et à les transmettre à leurs sujets.

Le 3e message a abordé les maladies transmissibles comme le VIH. Nous avons fait le bilan à certains patients et on se rend compte que le VIH est aussi présent en milieu rural. Il faut sensibiliser les jeunes filles, les jeunes garçons à avoir des comportements responsables et c’est de notre responsabilité d’œuvre dans ce sens.

 Satisfaction de votre côté, oui; et les patients lors de cette consultation foraine, avez-vous senti la même satisfaction à leur niveau?

On ne peut pas danser et s’apprécier. Pour les patients, c’est du sourire qui est retrouvé. Il y a que des bénédictions que ses patients formulent à notre endroit. C’est un plaisir mais au même moment vue l’immensité des activités à réaliser, nous sommes motivés à continuer, à persévérer surtout que cette stratégie, celle d’amener l’hôpital vers les populations doit être encouragée sinon soutenue. Il faut trouver un mécanisme pour que nos populations rurales aient la chance d’avoir des soins de qualité.